Salutations printanières de l’équipe des Grands Mystères de l’histoire canadienne (Grands Mystères), dont les bureaux sont situés à l’Université de Victoria. Voici la plus récente édition de La Gazette des Grands Mystères. Publié trois fois l’an, notre bulletin offre aux enseignants les plus récentes nouvelles sur les mystères historiques ainsi que des conseils pratiques pour les enseigner.
Mois national de l’histoire autochtone
Saviez-vous que juin est le Mois national de l’histoire autochtone au Canada? Si vous cherchez des plans de leçons reliés à cette thématique, nous vous offrons plusieurs suggestions dans le guide pédagogique du mystère Personne ne connaît son nom : Klatsassin et la guerre de Chilcotin. Les leçons proposées incluent La question de la variole, Construction d’une nation et la guerre de Chilcotin et Massacre ou guerre? Pour avoir un accès gratuit à tous nos guides pédagogiques, vous n’avez qu’à vous inscrire ici. Vous pourrez ensuite consulter les guides en ligne ou télécharger une copie en format PDF pour en imprimer des copies pour vos élèves.
Outil pédagogique : La guerre froide et les caricatures politiques
Voici un nouveau défi de pensée critique pour les élèves de 14 à 16 ans : Les enjeux de la guerre froide à travers les caricatures politiques
Dans ce CyberMystère, les élèves auront à étudier des caricatures politiques portant sur la guerre froide et conçues à partir d’articles de journaux publiés à cette époque. Pour accomplir cette tâche, ils devront acquérir des connaissances sur Herbert Norman et la guerre froide. Ils apprendront quatre techniques utilisées par les caricaturistes pour communiquer un message visuellement. Ces techniques aideront les élèves à étudier les caricatures sur la guerre froide et à suggérer des façons d’améliorer le message en y ajoutant d’autres aspects. Enfin, ils produiront une interprétation et une adaptation de deux caricatures politiques à partir d’articles de journaux qui traitent de sujets similaires.
« Est-ce que je dois envoyer mes rapports au siège social de la GRC ou au FBI? »
Ce CyberMystère, ainsi que plusieurs autres, peuvent être utilisés avec les Grands Mystères de l'histoire canadienne.
Outil pédagogique : Le tableau blanc, « Tshuanahusset a-t-il eu un procès équitable? »
Un de nos nouveaux tableaux blancs (en anglais seulement) est en lien avec notre CyberMystère 3, Tshuanahusset a-t-il eu un procès équitable?, conçu pour les élèves de 14 à 16 ans. Cet outil pédagogique peut être utile aux élèves qui enquêtent sur le mystère Qui a tué William Robinson? La race, la justice et la colonisation, qui s’est passé à Salt Spring Island, en C.-B. Tous nos tableaux blancs sont accessibles sur le site des CyberMystères.
La source de La Gazette
Pour utilisation avec le mystère Le ciel et l’enfer sur la Terre : le massacre des « Black » Donnelly
Les Donnelly étaient des fermiers qui se sont installés dans le comté rural de Biddulph, situé près de Lucan, en Ontario, à 25 km au nord de l’actuelle ville de London. Voici une lettre rédigée par Charles Hutchinson, procureur de la Couronne et greffier de la paix qui a supervisé plusieurs procès des Donnelly. Adressée à la capitaine Emma Rees, la lettre porte sur Robert Donnelly.
Livre de copies des lettres de Charles Hutchinson 1885-6, p. 188.
Livre de copies de lettres de Charles Hutchinson 1885-6
p. 188
21 oct. 1885
Mlle Emma Rees, Capt. Armée du Salut
Glencoe
Mademoiselle,
Je suis désolé que vous ayez eu autant d’ennuis et que vous ayez été autant dérangée par ce malheureux Robert Donnelly, qui est son propre pire ennemi. Toutefois vous ne pouvez bien sûr espérer éviter les situations douloureuses que vous décrivez, car votre mission vous met nécessairement en contact avec des hommes méchants, dans l’espoir de leur faire du bien, et vous devez vous attendre à susciter leur haine et leur résistance. C’est une des croix que vous devez porter. Je pense que l’on ne tentera plus de déranger vos réunions religieuses mais si l’on vous menace de violences personnelles ou si l’on vous agresse, venez me voir et je verrai à ce que vous soyez protégée. […]
Veuillez agréer, Mademoiselle, l’expression de mes respectueuses salutations,
Charles Hutchinson, procureur de la Couronne au sein du comté
Source: J.J. Talman Regional Collection, University of Western Ontario Archives, Donnelly Family Papers, B4878, File 21, Charles Hutchinson, Charles Hutchinson Letter Book, octobre 21, 1885.
L’illustration de La Gazette
Mystère : Où est Vinland?
Titre : Ossements du 11e siècle à Kopparsvik, Gotland, Suède
Créateur : B. Wallace
Archives ou dépôt : Collection B. Wallace
Notes : l’étude des squelettes fournit des données importantes sur l’âge, le sexe, le régime alimentaire, les maladies et l’ADN.
Grâce à l’archéologue Birgitta Wallace, notre site sur les Vikings offre une magnifique collection de photos et d’illustrations sur l’histoire des Scandinaves et de leurs explorations. La visite de la section Archives du site vaut le détour.
La question posée par le mystère historique Où est Vinland? ne fait qu’entrouvrir la porte vers d’autres mystères sur les Vikings : quelles motivations ont poussé les Vikings à voyager vers de contrées lointaines? Pourquoi sont-ils venus en Amérique du Nord? Une fois arrivés, pourquoi ne sont-ils pas restés? Quelles ont été les répercussions de leur séjour? Finalement, pourquoi le légendaire Vinland occupe-t-il encore une si grande place dans notre imaginaire?
Des nouvelles de nos partenaires : University of Victoria
Eric W. Sager est professeur au Département d’histoire de la University of Victoria. Découvrez ses idées sur la nature et la raison d’être de l’histoire dans l’article qui suit. Le professeur Sager a aussi élaboré un plan de leçon, La valeur de l’histoire, que vous pourriez utiliser en classe avec cet article.
L’histoire dépasse largement la simple connaissance des faits
Par Eric W. Sager (reproduit du Times Colonist, 15 mars 2013)
Cette année, l’histoire était présente aux Oscars comme jamais auparavant. Quatre films en nomination pour le meilleur film de l’année relataient des évènements historiques : Argo, Lincoln, Zero Dark Thirty (Opération avant l’aube) et Django Unchained (Django déchaîné). Les quatre ont déclenché des débats sur l’exactitude des scénarios et sur la façon dont les films façonnent notre connaissance du passé.
Est-ce important de savoir que le scénario d'Argo transforme le sauvetage des Américains en une opération menée par la CIA plutôt que par des Canadiens? Oui, c’est important. Mais comme historien, j’y vois un autre problème. Les débats sur ces films mettent l’accent sur l’exactitude et l’exhaustivité des faits. Ce faisant, ils entretiennent des idées reçues sur la nature et la raison d’être de l’histoire.
Une de ces idées reçues est que les historiens ne sont que des cueilleurs de faits. Occasionnellement, ils font une incursion dans le vrai monde pour corriger des erreurs commises par des personnes qui, elles, font des choses importantes, comme de la politique, des guerres, du commerce ou même des films. Puis le monde va de l’avant, ayant ou non corrigé ses erreurs, et l’historien retourne à son terrier archivistique.
S’il vous plaît, est-ce qu’on peut jeter de telles idées à la poubelle? L’histoire n’est pas un passé mort et enterré pour tous sauf quelques zélés obsédés par les faits. L’histoire, c’est le passé qui existe dans le présent : c’est la mémoire sociale qui nous guide entre le passé, le présent et l’avenir. Sans elle, nous sommes amnésiques et notre chemin est parsemé d’embuches.
L’histoire, c’est aussi une palette de compétences, une boîte à outils qui nous aide à résoudre les problèmes dans le vrai monde. Certains disent que ce sont des « compétences non techniques », même si elles sont difficiles à acquérir. Ce sont pourtant des compétences valorisées par les employeurs : collecte rapide et détaillée d’éléments de preuve, analyse systématique, raisonnement éclairé, travail d’équipe et communication efficace. Par-dessus tout, l’histoire, c’est le changement au fil du temps : comment comprendre le changement, comment évaluer ses causes multiples, comment contextualiser le changement. L’histoire, c’est tout cela.
Lisez le témoignage de Tamara Vrooman (M.A. en histoire), PDG de Vancity et ancienne ministre adjointe aux finances de la C.-B. : « Une grande part de mon travail requiert des arguments solides, éclairés et objectifs, basés sur des faits et des données qui sont souvent partiels et difficiles à interpréter. Il faut être capable d’expliquer et de défendre publiquement ses hypothèses et son analyse. Si cela n’est pas la pratique de l’histoire, je ne sais pas ce qui pourrait l’être. »
Tamara Vrooman
Quant à la valeur des compétences des historiens et des autres humanistes, voyez ce qu’a fait Google en 2011. La vice-présidente de Google, Marissa Mayer, avait alors annoncé son intention d’embaucher 6000 personnes, dont « probablement 4000 à 5000 provenant des sciences humaines ou des arts. »
Regardez aussi la courbe de croissance de l’emploi au Canada. Statistiques Canada nous dit qu’entre 2007 et 2011 la croissance de l’emploi a été plus prononcée dans les emplois reliés au domaine de la santé (une augmentation de 16 %). Cette croissance était également très forte dans les domaines « des arts, de la culture, du loisir et des sports » (13 %), croissance qui devançait celle des « sciences naturelles et appliquées » (8 %). Un million d’emplois doivent être créés en C.-B. entre 2010 et 2020. Il est plus que probable que les employeurs exigeront un diplôme postsecondaire pour 78 % de ces emplois. On cherchera des diplômés dans tous les domaines.
Bien sûr, un baccalauréat en sciences humaines n’est pas un aller direct vers un emploi. À notre époque, un B.A. équivaut à un diplôme de niveau secondaire d’il y a quelques générations; ce n’est qu’une étape dans un long parcours éducatif.
L’histoire n’offre pas une garantie d’emploi. C’est une discipline mentale, un renforcement de certains muscles largement utilisés pour voir et apprendre. « Le passé est un pays étranger. Les choses s’y font différemment », écrivait le romancier L. P. Hartley.
L’histoire nous transporte dans cet autre pays puis nous ramène au présent, là où nous pouvons regarder notre monde avec les yeux d’un voyageur expérimenté, avec un plus grand respect pour les peuples de différentes cultures, avec un regard avisé pour ce qui est anecdotique et éphémère, et avec une nouvelle appréciation de ce qu’il faut protéger ou rejeter.
Dans le film Lincoln, il y a peut-être des erreurs à propos de qui a voté en faveur ou contre l’amendement pour abolir l’esclavage. Ces petites erreurs ne diminuent que très peu la qualité du divertissement cinématographique sur le Lincoln que les Américains connaissent et peut-être même vénèrent.
Quant à l’histoire, elle était au travail ailleurs. Une semaine après que Daniel Day-Lewis ait reçu un Oscar pour son interprétation de Lincoln, le Canadien Andrew Preston remportait le prix Charles-Taylor pour son livre sur l’influence de la religion dans la politique américaine. Une des réussites de cet essai est le nouveau portrait de Lincoln : celui d’un chrétien pour qui la Guerre civile était une croisade morale. Dans une faible mesure, mais tout de même une mesure importante, Andrew Preston a changé le monde tel que nous le connaissons. Il ne nous a pas seulement donné les faits, mais il a partagé une observation, dont nous avions besoin, sur les racines religieuses ancestrales de la politique américaine.
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