Journal de George Blair, 1862
On a mis dix-huit jours à atteindre Victoria [depuis Lillooet] et trouvé l’endroit vraiment amélioré depuis qu’on y était venu il y a vingt mois. Les deux tiers des maisons dans les rues principales sont des salles de billard ou des débits de whisky. Certaines salles de billard ont six tables et sont richement meublées de fauteuils, et les murs couverts de photographies et de miroirs. Suis resté environ cinq semaines en ville, puis suis allé à l’île de Saltspring, à environ quarante milles de Victoria. Je suis resté là jusqu’au 26 février.
Saltspring a environ trente milles de circonférence. Il y a très peu de bonnes terres. Le bétail et les cochons se nourrissent durant tout l’hiver de ce qu’ils peuvent trouver, et ils étaient bien gras. Quand je suis parti, le gazon commençait à pousser et les feuilles aussi. À ce moment-là, les cochons se nourrissent de racines de fougère qui sont très longues et très grosses. À certains endroits, il est pratiquement impossible de se frayer un chemin au travers. L’élevage de cochon et de bétail dans [sic] la principale occupation des habitants de l’île. Il y a des panthères dans l’île, elles tuent beaucoup de cochons et parfois du jeune bétail. Il y a aussi des chevreuils, des gélinottes et des faisans. Les canards et les oies fourmillent dans les nombreuses criques qui découpent le littoral, mais la chair goûte le poisson et est si coriace qu’ils sont sans valeur. Il faudrait avoir de fausses dents pour arriver à les mastiquer. Il n’y a pas eu de neige après le premier janvier, mais beaucoup de pluie.
On vivait dans une cabane avec un type du nom de Sparrow, un Norvégien d’un genre original, un marin de profession et un bon calligraphe pour ce qui est de l’art d’écrire. Il avait déjà été maître de timonerie à bord d’un navire d’inspection du gouvernement américain sur cette côte, ce qui le rendait très vaniteux. Il possédait un ranch de deux cents acres s’il l’avait payé. Il avait six cochons, un chat, un chien, un fusil à deux canons et une carabine avec beaucoup d’outils de charpentier et d’autres outils dont il ne savait pas se servir. Comme plusieurs autres, il croyait que si seulement il en avait les moyens il avait le cerveau qu’il fallait pour faire d’importants travaux agricoles à la ferme. Sa mère était la plus belle femme de Norvège et il était le seul de la famille à lui ressembler. Il se pensait très propre; pourtant, il n’utilisait jamais de linge à vaisselle, mais plutôt son drapeau britannique à la place. On a quitté notre hôte et son ranch de cochons le 23 février et on est venu à Victoria, d’où on est reparti le 27 pour le [Cariboo].