L’ambassade américaine à Ottawa rapporte que la presse canadienne ne parlera plus de l’affaire Norman

Ambassade américaine, Ottawa, 28 août 1957

Télégramme 126 de l’ambassade, 16 août 1957.

RÉPONSE AMÉRICAINE À LA NOTE DU CANADA AU SUJET DE L'AFFAIRE NORMAN : RÉACTION DE LA PRESSE CANADIENNE

Le télégramme de l’ambassade parlait de la couverture de presse initiale réservée à la note américaine répondant à celle du Canada du 10 avril 1957 concernant l’échange de renseignements de sécurité en lien avec le suicide de l’ambassadeur du Canada en Égypte, E. Herbert NORMAN.

Résumé

Des reportages subséquents provenant d’ailleurs au Canada ont confirmé la première impression de l’ambassade que la note des États-Unis avait grandement retenu l’attention. Certains journaux ont imprimé le texte de la note en entier, ce qui n’avait pas été fait lors des premiers reportages. Les réactions éditoriales à la note étaient variées. Certains l’ont acceptée avec un manque évident d’enthousiasme alors que d’autres ont vivement critiqué la réponse. Les deux groupes s’accordaient cependant sur le fait que la réponse avait été longue à venir et que le libellé esquivait la question. [...]

La réaction de la presse a probablement été plus modérée à cause du fait que le premier ministre a publiquement accepté la note la qualifiant d’adéquate et parce que plusieurs rédacteurs en chef commençaient à douter de la pertinence de la protestation initiale du gouvernement canadien à la suite des déclarations de l’ancien gouvernement libéral à la clôture de la dernière session parlementaire admettant que Norman avait eu des associations communistes. [...]

Commentaire. L’acceptation modérée de la note américaine par la presse canadienne doit être jugée en tenant compte des propos violents parus dans la presse canadienne au moment de la mort de Norman. Les commentaires modérés de M. Diefenbaker sur la note ont sans aucun doute été perçus comme un signal d’emboîter le pas dans leurs propres réponses. Il apparaît évident dans les commentaires de plusieurs éditoriaux que la presse aurait été plus sévère si ce n’était de l’incertitude qui persiste quant à la véracité des allégations portées contre Norman et du fait que des rédacteurs soupçonnent que leur emportement initial au moment du suicide de Norman n’était peut-être pas entièrement justifié. Il est intéressant de noter à cet égard que, jumelés à leurs critiques de la note des États-Unis, les journaux canadiens ont recommencé à critiquer la façon dont leur propre gouvernement a traité cette affaire.

Il n’y a en ce moment aucune indication à l’effet que la presse reparlera de l'affaire Norman. On y fera certainement référence de temps à autre, spécialement si le gouvernement canadien entreprend une révision en profondeur des mesures de sécurité ou des dossiers de sécurité. Autrement, la majorité des journaux semblent prêts à enterrer l’affaire.

POUR L’AMBASSADEUR :

P. Wesley Kriebel
Deuxième secrétaire de l’ambassade

Source: UBC Rare Books and Special Collections, Roger Bowen Collection, Box 1, File 1-2, P. Wesley Kriebel, L’ambassade américaine à Ottawa rapporte que la presse canadienne ne parlera plus de l’affaire Norman, 28 août 1957

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