Guerre froide / Guerres ouvertes
Au plus fort de la guerre froide, les historiens avaient déjà commencé à débattre sur ses origines et se demandaient à quel moment cette impasse politique avait débuté. Est-ce que c'était en 1917, lorsque la révolution bolchevique a remplacé la Russie tsariste? Était-ce en 1945, lorsque le fascisme a été défait par la grande alliance entre l’Ouest et l’Union soviétique? Ou est-ce que la guerre froide a réellement débuté en 1947 lorsque le président américain Harry Truman a formulé la doctrine qui porte son nom? En 1999 le Pentagone, quartier général de l’armée américaine, a coupé ce nœud historique de manière décisive en rendant sa propre décision. Il a émis un certificat aux 22 millions d’Américains qui ont servi dans les forces armées pendant la période que le Pentagone considère comme la période officielle de la guerre froide, soit du 2 septembre 1945, date où le Japon a capitulé pendant la Seconde Guerre mondiale, jusqu’au 26 décembre 1991, date où l’Union soviétique a été dissoute. Ce jour-là, les États-Unis ont pu déclarer victoire sur la guerre froide. Leur triomphe ultime n’a pas été de contenir l’URSS, mais de la détruire.
La guerre froide a eu des répercussions et des effets sur le monde entier. Elle a sévèrement affaibli l’Europe qui, en 1945, était en ruines. Elle a détruit, divisé et occupé le principal état de l’Europe continental d’avant-guerre, l’Allemagne. À l’exception de la division, le même destin est arrivé à l’état asiatique le plus actif d’avant-guerre, le Japon. La guerre froide a mis de l’avant deux nouvelles puissances mondiales, les États-Unis d’Amérique et l’Union des républiques socialistes soviétiques. Aucune n’avait beaucoup d’expérience en tant que dirigeant des politiques mondiales. Par exemple, les É.-U. n’avaient pas daigné se joindre à la Ligue des Nations. Pour la majeure partie de l’entre-deux-guerres, l’URSS s’est également tenue éloignée de la Ligue, la considérant comme un country club capitaliste. Pourtant, en 1945, ces deux états ont été poussés dans leurs nouvelles positions de chefs mondiaux. Chaque superpuissance a rassemblé son camp. Tout comme la Pologne était dans le camp soviétique et devait se comporter en allié docile, ainsi le Canada devait s’en remettre à la puissance mondiale américaine. Les intérêts nationaux de tels pays devaient maintenant prendre place derrière les questions de stratégies mondiales.
Les diplomates et les politiciens canadiens devaient garder et équilibre délicat, prenant la défense des intérêts nationaux tout en jouant dans l’équipe américaine. Cela posait des problèmes. Une des personnes qui a le mieux réussi à marcher sur ce fil de fer était Lester B. Pearson. Mais même Pearson s’est rendu compte qu’être un expert sur ses pieds ne lui a pas nécessairement valu le respect au Canada et aux É.-U. La période très tendue qu’était la guerre froide a aussi posé problème à Herbert Norman qui a appris qu'un seul faux pas pouvait le faire tomber.
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