Note de service du FBI sur les dossiers de Norman
[FBI] Note de service • GOUVERNEMENT DES ÉTATS-UNIS
Date : 23 août 1951
À : M. D. M. Ladd [Directeur adjoint, FBI]
DE : L. L. Laughlin [agent du FBI]
SUJET : EGERTON HERBERT NORMAN
OBJECTIF
Fournir des données pertinentes sur Norman dans les dossiers du Bureau en réponse à la demande de M. Nichols.
CONTEXTE
Lors d’une séance publique du Comité McCarran le 7 août 1951, Karl August Wittfogel, professeur d’histoire de la Chine à l’Université de Washington et un membre reconnu du Parti communiste en Allemagne de 1920 à 1933, a témoigné que peu après l'été 1938 un groupe d'étudiants s'étaient réunis à la résidence de Moses Finkelstein (endroit non précisé), un étudiant aux études supérieures de l’Université Columbia, et avaient formé un groupe d'étude. Selon le témoignage de Wittfogel, Herbert Norman, alors étudiant au Département d’études japonaises à l’Université Columbia, était parmi les étudiants qui ont participé à ces groupes d’étude. Wittfogel a témoigné qu’il était « évident » qu’il s’agissait d’un groupe d’étude communiste et que donc, il était « évident » que Norman était un communiste.
Dans l’édition du 17 août 1951 du journal « Washington Post », un article a été publié en page 10 intitulé « Barnes Listed as Red, Chambers Was Told » [Barnes listé comme rouge, Chambers avait été averti]. Cet article affirmait que Lester B. Pearson, ministre des Affaires extérieures du Canada, avait fait parvenir au département d’État une note de protestation exprimant « le mécontentement et la surprise » du Canada sur le fait que le nom de Norman soit inclus dans les témoignages du comité McCarran. Selon l’article, Pearson a affirmé que Norman est un « haut fonctionnaire grandement respecté » en qui le Canada a « une complète confiance » et qu’il avait été disculpé par un double contrôle de sécurité.
Il est à noter qu’aucune information n’a été trouvée dans les dossiers du Bureau qui indique que Norman ait jamais étudié à l’Université Columbia. De surcroît, les dossiers du Bureau révèlent qu’il a reçu sa maîtrise de l’Université Harvard, en 1937, et un doctorat en 1940.
[...]
RÉSUMÉ DES RENSEIGNEMENTS DANS LES DOSSIERS DU BUREAU
Il n’y a aucune information dans les dossiers du Bureau qui pourrait fournir des preuves à l’appui des allégations de Wittfogel selon lesquelles Norman était un communiste.
Enquête du Bureau
[Environ 8 lignes ont été supprimées en vertu de la Loi d’accès à l’information des États-Unis.]
L’affaire Shigeto Tsuru
Alors qu’il étudiait à l’Université Harvard, Norman a fait la connaissance de Shigeto Tsuru, un Japonais, et il a appris que Tsuru avait dans sa bibliothèque une grande quantité de livres sur l’histoire du Japon et sur d’autres sujets connexes. Tsuru est né le 6 mars 1912 à Tokyo, au Japon, et a été éduqué au Japon et aux États-Unis où il a obtenu de l’Université Harvard une maîtrise en 1936 et un doctorat en 1940. Puis, il a travaillé comme assistant de recherche dans le domaine des relations internationales à la Graduate School of Economics [École supérieure d’économie] de l’Université Harvard. Tsuru a été rapatrié avec son épouse sur le « SS Gripsholm » en partance de New York le 18 juin 1942. Après son retour au Japon en juin 1942, de nombreux livres et journaux lui appartenant sont restés dans son appartement de Cambridge, au Massachusetts, sous la garde d’un concierge. Ces livres et autres matériels comprenaient des écrits en cinq langues incluant le japonais, le russe, l'allemand, le français et l'anglais. Le matériel était en grande partie constitué de documentation et de propagande communistes.
[Environ 8 lignes ont été supprimées en vertu de la Loi d’accès à l’information des États-Unis.]
Le matériel mentionné plus haut et laissé par Tsuru a été examiné par des agents du Bureau le 8 novembre 1942. Le lendemain de cette évaluation, Egerton Herbert Norman a contacté les agents du Bureau et a tenté de se procurer les biens de Tsuru. Norman s’était alors identifié comme le troisième secrétaire des Affaires extérieures, Ottawa, Canada. Lors de sa tentative de se procurer les biens de Tsuru, il a montré une carte de visite de Tsuru comme preuve de son autorisation pour prendre possession de ses biens.
Norman a d’abord déclaré être en mission officielle pour le gouvernement canadien pour obtenir les biens de Tsuru pour utilisation par le gouvernement canadien dans une enquête spéciale. Puis, il a changé sa déclaration et indiqué qu’il avait un intérêt personnel dans les biens de Tsuru et qu’il n’était pas vraiment en mission spéciale pour le gouvernement canadien pour se procurer le matériel.
[Environ 7 lignes ont été supprimées en vertu de la Loi d’accès à l’information des États-Unis.]
Un examen des dossiers du Bureau a révélé que les documents trouvés dans l’appartement de Tsuru ont été envoyés au Bureau, où il a été déterminé qu’ils ne représentaient aucune valeur d’un point de vue de la sécurité. Ils ont été retournés au Bureau de Boston où certains ont été détruits, certains retournés au gardien de l’appartement où Tsuru avait habité et d’autres ont été envoyés au Alien Property Custodian Warehouse [entrepôt conservant les biens étrangers] à New York. Il n’y a aucune information dans les dossiers du Bureau indiquant que Tsuru ou Norman auraient reçu les documents.
[...]
Le nom « Herbert Norman » (aucun adresse ou numéro de téléphone) était dans le carnet de téléphone trouvé dans l’appartement de Philip Jacob Jaffe à New York en 1945. Jaffe a reçu une amende de $2,500 le 6 juin 1945 lorsqu’il a plaidé coupable à l’accusation de conspiration pour faire disparaître des registres et des dossiers du gouvernement. (100-267360-382)
[Environ 20 lignes ont été supprimées en vertu de la Loi d’accès à l’information des États-Unis.]
ACTION :
Aucune. Pour information.