Pearson affirme que le Canada arrêtera le partage de renseignements sur la sécurité avec les É.-U.
MAECI/29-7-2-É.-U.-NORMAN
Secrétaire d’État aux Affaires extérieures à l’Ambassadeur aux États-Unis
TÉLÉGRAMME DS-86
CONFIDENTIEL
Ottawa, 8 avril 1957
La réaction à la Chambre et dans la presse au sujet de la mort de Herbert Norman nous a convaincus que nous devions envoyer une lettre au Secrétaire d’État américain, qui se lit comme suit. Le texte commence :
- Étant donné les actions prises par le Sous-comité sur la sécurité interne rattaché à la Commission des questions judiciaires du Sénat américain en publiant le témoignage fourni lors d’un comité exécutif concernant feu M. E. H. Norman, je suis chargé par mon gouvernement de vous informer que c'est avec regret que le Gouvernement du Canada se verra dorénavant dans l'impossibilité de fournir des renseignements sur la sécurité concernant un citoyen canadien à toute agence du gouvernement américain sans obtenir au préalable l’assurance du gouvernement américain qu’aucune agence de ce gouvernement ne passera de tels renseignements au pouvoir législatif du gouvernement des États-Unis sans le consentement explicite du Gouvernement du Canada. Je suis également chargé d’exprimer le souhait que le Gouvernement des États-Unis pourra donner de telles assurances dans les plus brefs délais au Gouvernement du Canada. Le texte se termine.
- Bien que la plupart des renseignements qui ont été amassés par le Sous-comité proviennent de témoins appelés par le Comité qui ont sans aucun doute répété des preuves déjà données au FBI, je crois néanmoins qu’il est important de le mentionner par écrit. Lorsque vous donnerez cette lettre au département d'État, veuillez les informer que nous ne voulons en aucun cas mettre en péril les longues relations d’amitié entre le FBI et la GRC. Nous ne voulons pas non plus mettre en péril les relations entre les services d’immigration américains et la GRC, relations qui ont été établies depuis peu et qui sont satisfaisantes. Je me sens cependant dans l’obligation, pour la protection mutuelle de nos deux pays, d’assurer la protection maximum de tout renseignement sur tout Canadien, qui pourrait être remis au Gouvernement américain.
- Veuillez m’informer du moment où cette lettre sera remise au département d'État afin que le commissaire Nicholson puisse informer à l’avance le FBI et les services d’immigration américains de notre démarche et les rassurer quant à notre intention de ne pas mettre nos bonnes relations en péril.
- Pourriez-vous aussi au même moment informer le département d'État que j’ai l’intention d’informer la Chambre des communes du texte de la lettre avant que la Chambre n’ajourne ses travaux à la fin de la semaine.
[note en marge] Envoyé comme projet d’instructions au sujet de : E. H. Norman; approuvé par la suite par le P[remier] M[inistre] [G. G. Crean]
[L. B.] PEARSON
Source: L.B. Pearson, "Pearson affirme que le Canada arrêtera le partage de renseignements sur la sécurité avec les É.-U.," (: , 8 avril 1957), 60