LA TROISIÈME GUERRE MONDIALE EST-ELLE À NOS PORTES?
U.S. News-World Report, 26 mars 1948, p. 16-17
De STOCKHOLM, BERLIN, PARIS, ROME, LONDRES et WASHINGTON
La peur de la guerre est grande et elle grandit dans plusieurs pays d’Europe.
Certains prévoient le début de la guerre dans quelques mois, d’autres d’ici 4 ou 5 ans. La tendance vers la guerre est forte.
Le sentiment de guerre gagne en force à Washington. […]
Pour en savoir plus sur ce que pensent les Européens bien informés sur la guerre, le U.S. News and World Report a demandé à ses employés internationaux en Europe d’aller recueillir les opinions non officielles de leurs meilleures sources. Les réponses :
STOCKHOLM
Les chances sont 50-50 que la Russie tentera une avancée cette année.
La Norvège serait la première touchée. La Suède serait isolée par les Russes tout comme elle l’a été par les Nazis en 1940. […]
La Suède, la Norvège et le Danemark s’empressent de consolider leurs défenses. […]
BERLIN
Le sentiment de l’imminence d’une guerre se fait moins sentir parmi les sources bien informées en Allemagne que dans le reste de l’Europe.
On pense ici que la Russie est encore absorbée par des objectifs limités que les dirigeants soviétiques espèrent atteindre sans faire la guerre. […]
PARIS
Les hauts fonctionnaires français s’entendent pour dire que la guerre est inévitable à plus ou moins longue échéance, possiblement d’ici les six prochains mois.
La guerre pourrait survenir parce que les Soviétiques poussent trop loin et trop vite leurs efforts pour empêcher les États-Unis d’armer 250,000,000 Européens contre l’expansion russe. […]
ROME
La peur de la guerre est beaucoup moins présente en Italie que dans l’opinion publique américaine. Les communistes, qui font campagne pour les élections du 18 avril, poursuivent leur politique habituelle, « la paix continue », niant tout danger de guerre. Quelques hauts fonctionnaires pensent que la Russie poursuit des objectifs en Extrême-Orient et n’encouragera pas l'utilisation de la force par les communistes en Europe de l'Ouest avant que la guerre ne soit déclarée.
Un optimisme général prévaut à court terme. À long terme, on semble penser que la guerre est inévitable d’ici quatre ou cinq ans.
La majorité pense que la Russie ne veut pas de guerre parce que les États-Unis sont beaucoup trop forts. On s'entend cependant pour dire que c’est maintenant au tour de la Russie de jouer. […]
LONDRES
Les dirigeants britanniques sont pleinement conscients du danger créé par la Russie qui pourrait se laisser emporter par ses efforts pour obtenir tout ce qu'elle peut sans faire la guerre. Selon les Britanniques, c’est là la principale source de danger en ce moment.
Une agitation extrême est évidente du côté diplomatique. Les hauts fonctionnaires britanniques ont grand intérêt à s’assurer que les États-Unis garantissent sur papier une présence militaire en Europe de l'Ouest dès que possible. […]
WASHINGTON
Les hauts fonctionnaires à Washington ne prévoient pas de guerre ce printemps, à moins d’un changement radical de politique de la Russie vers un conflit armé. En fait, les sources bien informées pensent pouvoir neutraliser la guerre cette année et pour les années suivantes en informant l’opinion publique tout en préparant les défenses américaines. […]