LES PROBLÈMES DE WILLOUGHBY

[ Brigadier General Charles Willoughby ]

Le brigadier-général Charles Willoughby , McClelland Barclay, U.S. Navy, Chef du G2, le bureau chargé du renseignement, à l’intérieur des forces d’occupation américaines au Japon après la Seconde Guerre mondiale

Le maj. gén. Charles A. Willoughby est le directeur des services de renseignements du général MacArthur. Il est la cible de nombreuses critiques parce que ses services de renseignements ont été incapables de prévoir l'attaque des communistes chinois qui a mis fin à l'offensive qui aurait permis de « gagner la guerre ». Une des conséquences fut que les forces des Nations Unies ont été délogées. Une autre conséquence est la curiosité croissante du public à propos du général Willoughby, de ses antécédents et de sa carrière. C’est en fait une histoire inusitée.

Le général Willoughby est un combattant professionnel âgé de 58 ans, né à Heidelberg en Allemagne et il est le fils d’un baron prussien, T. von Tscheppe-Weidenbach, et d’une mère américaine, Emma Willoughby. Le futur général a émigré aux É.-U. pendant son adolescence, a pris le nom de famille de sa mère et il est devenu citoyen américain en 1910.

L’armée l’attirait. Le jeune Willoughby s’est engagé, s’est élevé jusqu’à devenir sergent puis il a démissionné pour poursuivre ses études. Il a obtenu un diplôme du Collège Gettysburg en Pennsylvanie en 1914 et il a poursuivi des études supérieures à l'Université du Kansas pour ensuite retourner à l'armée en 1915 avec le grade de sous-lieutenant.

Il est parti servir à la frontière mexicaine puis en France. Entre les guerres, on lui a confié diverses affectations routinières dans l’armée et il a aussi fréquenté ses plus grandes écoles, l’École d’infanterie, l’École de commandement et d’état-major et l’École de guerre. Cependant, sa carrière ne faisait que réellement commencer lorsque, en 1941, il a été affecté aux Philippines avec le général MacArthur. Il est resté l’officier de renseignement pour MacArthur depuis ce temps.

Ensemble, ils ont combattu à Bataan et Corregidor. Ensemble, sur ordres de Washington, ils se sont enfuis en Australie. Et toujours ensemble, ils se sont battus d’île en île jusqu’à ce que le Japon soit vaincu. Le 15 août 1945, au nom du général MacArthur, le général Willoughby recevait la délégation japonaise pour négocier la capitulation.

Au Japon Lorsque le général MacArthur est devenu le commandant de l'occupation japonaise, le général Willoughby s’est installé avec lui, toujours en tant que chef des services de renseignement. En plus de surveiller les développements militaires sur tout le territoire du commandement en Extrême-Orient, le général Willoughby avait la tâche de maintenir l’ordre au Japon.

Avec ses agents, il surveillait l’évolution des sentiments anti-américains et l’organisation de groupes militaristes, fascistes ou communistes. Le courrier était ouvert et lu. Le général MacArthur recevait de nombreux rapports sur l’état de l’opinion publique japonaise.

Le général Willoughby est un grand gaillard de 6 pieds 2 pouces. Tout comme le général MacArthur, il a tendance à être distant, à se tenir à l’écart […]

Et tout comme le reste du groupe au quartier général de Tokyo, Willoughby idolâtre le commandant suprême. Lorsque des dignitaires arrivent de Washington, le général Willoughby en profite pour leur faire un exposé sur la théorie de MacArthur concernant l’importance de l’Orient comme élément de défense des É.-U.

Avant l’attaque des Coréens du Nord en juin dernier, il était convaincu, comme plusieurs autres officiers, que la région de la péninsule était moins importante que d'autres régions. L’attaque fut également une surprise, mais le général Willoughby affirme que son système de renseignements avait averti Washington de l’imminence d’une invasion. Il y en a cependant qui contestent la justesse de cette information.

À la suite de la récente débâcle près du fleuve Yalu, le général Willoughby a organisé une conférence de presse, ce qui dans son cas est rare. On savait, a-t-il dit, que les armées communistes chinoises avançaient en Mandchourie, mais cela n’avait pas été considéré comme un indice d’agression. Une fois que l’assaut ait été donné pour « gagner la guerre » et que les prisonniers, les cartes et les ordres soient tombés entre les mains des Alliés, Willoughby a pris conscience du plan d'intervention des Chinois. Mais il croyait que l’assaut des N. U. en valait la peine parce qu’il avait affaibli l’attaque chinoise et clarifié les intentions des Chinois.

Selon toute probabilité, cependant, les discussions à ce sujet et sur le général Willoughby ne font que débuter.

Source: No author, "Les problèmes de Willoughby," U.S. News & World Report, 15 décembre 1950

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