Les opinions de Norman sur le socialisme pendant son adolescence
Calgary
11 juillet 1927
Chers Howie et Gwen,
[…]
La vérité, c’est qu’il est pratiquement impossible de donner une définition à la fois rigoureuse et expéditive du mot socialiste; alors, pour nous faire une idée, nous devons nous fier au modèle de socialisme qu’on tente actuellement d’imposer en Europe de l'Ouest, en Gr. Bretagne, en Europe centrale et dans certaines parties de l’Asie, etc. Les vrais socialistes quant à moi sont les disciples de Karl Marx qui organisent des conférences annuelles dans différentes capitales européennes pour discuter des enseignements du vieux et coléreux philosophe Teuton. Dans ses écrits, il affirme audacieusement que le socialisme requiert l’éternelle guerre des classes afin que son thème favori, le nivellement de toutes les classes, puisse se développer. Le pacifisme n'était vraiment pas un de ses leitmotivs et les plus grands commentateurs de son œuvre ont tous déclaré que lorsque ses formules savantes et sa logique ou théorie fuyante sont réduites à leur plus simple expression […] elles ne sont rien de moins qu'une doctrine d'État. Marx était un homme aigri parce qu’exilé des intellectuels et de l’élite de Berlin à cause de son incapacité à contrôler sa langue mordante; il a suivi l’exemple du célèbre Renard qui a déclaré que les raisins n'étaient pas encore mûrs. Il a éveillé les passions les plus viles et les plus ignobles des couches les plus basses de la société en leur disant à quel point les classes supérieures de leur pays étaient composées de snobs instables et égoïstes, ce qui était sans doute la vérité, mais est-ce que son caractère hostile s’avérait meilleur!
[…]
Le socialisme, comme je l’ai dit, est jaloux de toute inégalité et comme tous les hommes ne sont pas nés égaux, il doit bien y avoir des talents et des habiletés de qualité supérieure qui sont autant détestés et ignorés que les inégalités financières et territoriales. Le socialisme est d'une intense intolérance. Le socialisme a tendance à rabaisser au niveau de la rue et non pas à élever, car aussi longtemps que nous existerons, existera aussi la Loi d'airain de l’inégalité.
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Votre frère affectueux,
Herbert