Pétition de colonie de Beggs au gouverneur

Colonie de Beggs, Salt Spring Island
Le 21 décembre 1868

À Son Excellence Frederick Seymour
Gouverneur de la Colombie-Britannique

Que plaise à Son Excellence,

Le mémoire des soussignés fait humblement foi [que?] nous, les colons du nord de l’île communément appelée « Salt Spring », désirons faire part à Son Excellence de notre situation déplorable en rapport notamment avec les Indiens vivant à nos frontières et d'autres circonstances.

Étant donné que nous comptons parmi les premiers habitants de la colonie et que nous payons notre part à même le tarif douanier, il ne semble n’y avoir aucune raison pour que le gouvernement ne nous fournisse pas les mêmes soins et encouragements que ceux apportés à d’autres parties de la colonie. Il est déplorable de constater que d’autres colonies plus à l’aise ont reçu une aide considérable pour l’éducation de leurs enfants, de même que pour l’arpentage et la construction de leurs routes, alors que nous n’avons jamais reçu un quart de penny pour nos écoles, nos routes ou pour toute autre question d’intérêt local.

Nous ne voulons pas ici réitérer notre mécontentement face au navire postal, mais nous croyons qu’il est de notre devoir de persuader Son Excellence que le récent meurtre gratuit et tragique perpétré contre M. Curtis, un colon pacifique et très respecté, [mis] en relation avec les meurtres et les vols commis antérieurement chez nous, nous a pleinement convaincus de la nécessité d’agir sans délai pour trouver et punir les contrevenants, à défaut de quoi la vie et les biens de notre district ne seront pas en sécurité.

Nous ne voudrions en aucun cas offenser Son Excellence en lui soumettant des suggestions quant aux causes des crimes dont il est question ou aux mesures à prendre pour les contrer, mais nous jugeons à propos de vous informer que la peine commuable prononcée à l’endroit de l’homme qui a abattu l’Indienne près de la baie de Burgoine il y a quelques mois, de même que les maigres efforts faits pour venger le meurtre de M. Robinson et punir d’autres infractions, semblent avoir, dans une mesure significative, diminué la confiance des Indiens des environs en la rigueur et l’équité de la loi britannique.

Le plus appréciable des bienfaits dont nous pourrions jouir dans l’avenir serait la nomination d’un juge de paix vivant sur les lieux, dont la présence même constituerait une puissante protection contre les Indiens. Nous pourrions ainsi, lorsqu’il est nécessaire, prendre rapidement des moyens légaux pour nous défendre.

Nous sommes des gens respectueux des lois et nous souhaitons honorer à jamais le drapeau sous lequel nous tentons d’établir nos foyers, mais si le gouvernement ne nous apporte pas la protection dont nous avons besoin, nous demeurons persuadés que le moment approche où nous serons contraints d’organiser un comité de vigilance et notre propre défense ou de sacrifier nos biens et de quitter la colonie. Nous espérons vivement que des mesures seront prises afin d’éviter que cette alternative ne s’impose à nous, et nous continuons, liés par notre devoir, à prier en ce sens.

À l’honorable secrétaire aux Colonies
Victoria

Thomas Griffiths, habitant
Thos C. Parry, "
Jonathan Martin, employé
James McFadden, habitant
J. C. Crane
Henry Sampson "
Charles Legacie, employé
Lewis Leirs [?]
William Smith, employé
William McFadden, habitant
John Grandam "
Timothy Bryan, employé
Louis Stark, habitant
Henry W. Robinson, habitant
John Norton, "
Hiram Whims
Clark Whims "
David Norton, habitant
[?] Jones
John P. Booth, habitant
Armstead Buckner, "
Henry Shore, "
George H. Anderson, "
M. J. [?] Estes "
John Holland
Alfred Holland
David Holland
Thomas Nules
William Harris
B. F. Wall
Thomas Park
Richard Brinn, habitant à Nanaimo, propriétaire d’une ferme
Jos Thompson


Monsieur le secrétaire aux colonies,

Vous trouverez, sous pli, un mémoire des plus éloquents. Il me faut seulement ajouter que plusieurs des Indiens pacifiques ont dit vouloir nous aider à rechercher les meurtriers de Curtis et à les livrer si une canonnière était envoyée. Je suis sûr que le gouvernement fera les efforts nécessaires afin de venger ces outrages, sans quoi nous pourrions avoir à vivre sous peu d’autres événements plus effrayants encore, puisque les Indiens ont menacé d’exterminer les colons et de prendre possession de cette colonie.

Je demeure, Monsieur, votre obéissant serviteur.

R. Brinn

[Note sur la lettre]

Informer que l’un des navires de Sa Majesté transportant un magistrat se rendra très prochainement à Salt Spring Island.

[signature illisible]
Secrétaire aux Colonies

[Lettre en réponse à la pétition]

C.S.O. Jany 1869

M. R. Brinn
Salt Spring Island

Monsieur
J’ai dûment pris connaissance de votre lettre, que j’ai transmise au gouverneur, incluant un mémoire soumis en date du 21 décembre 1868 par les habitants du nord de Salt Spring Island.

À ce sujet, Son Excellence désire que j’informe les signataires du mémoire qu’un magistrat à bord de l’un des navires de Sa Majesté se rendra très prochainement à Salt Spring Island.

[signature illisible]

Source: BCA, Petitions 1868, GR 1372, f 1354, Various, Pétition de colonie de Beggs au gouverneur , 21 décembre 1868

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