Rencontre relative à la réforme agraire
British Colonist
24 juin 1859
Une rencontre préliminaire a eu lieu, vendredi soir, à l’hôtel Colonial, à laquelle assistaient plusieurs membres de l’administration locale et certains de nos citoyens les plus influents afin de trouver des moyens de modifier l’actuel système agraire de la colonie. M. J.T. Pidwell a été invité à présider et M. C.A. Bayley, à agir comme secrétaire. M. Pidwell, d’une manière joyeuse et éloquente, a expliqué l’objet de la rencontre. M. Alfred Waddington, qui a toujours fait montre d’un grand sens civique et qui a beaucoup fait pour que la rencontre ait lieu, a expliqué, de sa façon limpide la nécessité d'agir pour coloniser le pays et qu’il y avait ici, un grand nombre de Canadiens et encore d’autres à venir, qui désiraient se lancer en agriculture, mais qu’avec le prix élevé des terres et la difficulté à les obtenir, il est probable qu’ils quittent notre côte pour s’installer plutôt du côté américain, si le prix des terres n’est pas réduit et si on ne leur procure pas les moyens de s’établir. Il a été suivi de messieurs J. Yates, C.B. Young, Dr. Tolmie, De Cosmos, Capt. Duncan, C.A. Bayley et de plusieurs autres qui ont apporté des suggestions valables. Un comité de cinq, messieurs C.B. Young, J. Yates, A. De Cosmos, A. Waddington et M. Begg, a été chargé de rédiger les résolutions et les pétitions à adresser aux gouverneurs et à l’Assemblée législative relativement à la réduction du prix des terres à 1,25 $ l’acre et au démarrage de la réservation des terres– puis de les soumettre à une assemblée publique pour ratification et signature.
La rencontre s’est déroulée harmonieusement – et s’est conclue par un vote de remerciements à l’égard du président et du secrétaire.
British Colonist
4 juillet 1859
Lors d’une rencontre avec les résidants de Victoria, tenue à la salle de réunion, le samedi 2 juillet, et ayant pour but de ratifier ou d’amender les résolutions et pétitions rédigées par le comité formé lors d’une réunion tenue le 22 juin, M. J.t. Pidwell, a été nommé président et C.G. Alston, nommé secrétaire.
Le président a expliqué, par des remarques justes, la raison de la réunion et a brièvement présenté l’objection soulevée sur la façon informelle dont la première réunion s’était tenue. Il a demandé à l’assemblée s’ils endossaient la tenue de cette réunion et a reçu une réponse affirmative unanime.
M. C.B. Young a fait rapport des résolutions et pétitions, lesquelles ont été acceptées et on a accordé un vote de remerciement au comité.
M. J.N. Thain a proposé,
Proposition L’histoire des nations et l’expérience gagnée à travers les âges commande un soutien généreux de l’art de l’agriculture comme unique garantie sûre de la richesse et de la prospérité durables d'un pays.
Appuyée par M. A. Langley. Adoptée à l’unanimité.
Proposition Que la vraie politique, de même que le devoir d’un gouvernement, est de soutenir les entreprises d’agriculture plus que les autres, de favoriser l’immigration, d’inviter les pionniers robustes à occuper son territoire, de fournir aux actuels colons un accès peu coûteux à la terre – où ils pourront investir leur labeur d’une manière permanente et établir leur foyer.
Appuyée par M. Treweek. Adoptée à l’unanimité.
M. Selim Franklin a proposé
Proposition Que la pratique d’utiliser les terres publiques comme source de revenu n’est ni sage, ni judicieux; que plutôt que d’attirer une population vers le pays, elle la repousse; et que la meilleure politique, fondée sur l’expérience de plusieurs pays, consistait à donner le domaine public à des colons de bonne foi plutôt que d’en exiger un prix élevé pour se procurer des revenus; que les propriétés taxables d’un pays doté d'un régime agraire libéral s’accroissent tellement rapidement qu’elles rapportent rapidement un revenu qui dépasse de beaucoup la vente des terres, peu importe leur prix.
M. Main a appuyé. Adoptée à l’unanimité.
M. Duncan a proposé
Proposition Que, dans l’opinion de cette assemblée, les terres publiques de cette colonie, qui sont détenues par la Couronne, pour le bien du peuple, si jamais elles sont vendues, aux actuels colons, ne devraient pas dépasser 1,25 $ l’acre, payable sur cinq ans -- ou une somme qui couvrirait tout juste les frais d’arpentage.
Appuyée par M. J. Austen.
M. S. Franklin a proposé un amendement à l’effet que les mots « pour le bien du peuple » soient retirés. Après discussion où sont intervenus messieurs Waddington, Young, DeCosmos et d’autres, on a adopté la résolution à l’unanimité.
M. Harris a proposé
Proposition Que, selon l’opinion de l’assemblée, le départ de nos côtes d’immigrants de valeur du fait de n’avoir pas pu obtenir de terres agricoles, exige l’adoption d’une politique agraire qui permettrait au pionnier d’obtenir dès sa demande une terre dont la superficie ne dépasserait pas 160 acres.
Appuyée par M. Byles. Adoptée à l’unanimité.
M. G.J. Wight a proposé
Proposition Qu’on devrait accorder une préférence aux colons actuels en ce qui a trait aux terres publiques, arpentées ou non : qu’on devrait adopter un système agraire qui leur garantirait un droit de réservation; et qu’on devrait leur accorder amplement de temps pour repérer des terres à partir des maisons permanentes, par une occupation réelle et des améliorations progressives, avant qu’elles soient offertes sur le marché, à la concurrence générale.
Appuyée par M. J.D. Carroll. Adoptée à l’unanimité.
M. Duncan a présenté une résolution relative à la taxation des terres publiques, qui a été retirée après discussion.
M. G.J. Wight a proposé et M. Hicks a appuyé.
Proposition Que les pétitions adressées au Gouverneur, au Conseil et à la Chambre des communes qui ont été lues devant l’assemblée soient adoptées.
Adoptée à l’unanimité.
M. De Cosmos a proposé, M. Begg a appuyé.
Que le président désigne un comité ayant la tâche de faire circuler la pétition pour en obtenir les signatures, puis de les présenter au Gouverneur, au Conseil et à la Chambre des communes.
Adoptée à l’unanimité.
Messieurs C.B. Young, A. Waddington, ___ Harris, G.J. Wight et J.N. Thain ont été nommés pour former un comité qui présente cette pétition.
Un vote de remerciement a été adressé au président et au secrétaire et la réunion a été ajournée sine die.
Ce qui suit est une copie de la pétition adressée au Gouverneur et au Conseil. Celle qui est adressée à l’Assemblée législative est de la même teneur.
À votre Excellence, le Gouverneur, et à l’honorable Conseil de l’île de Vancouver :---
Vos pétitionnaires, les soussignés, des résidants actuels de cette colonie, sincèrement concernés par sa prospérité, ayant constaté avec inquiétude le départ de plusieurs sujets loyaux à sa majesté et d’autres de cette colonie, en faveur de la république voisine, et ayant appris que leur départ était causé par la difficulté d’obtenir des terres agricoles dès leur demande, et en raison du fait qu’on ne puisse les obtenir à des conditions qui procureraient autant d’avantages aux colons actuels de cette colonie, que les conditions qu’on offre dans la république voisine; et croyant que nous perdrons encore plus de sujets loyaux de sa majesté et d’autres qu’il est souhaitable de retenir, alors que ceux qui s’apprêtent à venir ici ou qui le désirent, portent leur attention sur les pays où on encourage le plus l’agriculture; et étant persuadés que si le système agraire de la colonie n’est pas modifié concrètement, la prospérité et la colonisation du pays seront gravement retardés; et croyant que le soutien de l’agriculture est la façon la plus sûre de réaliser la prospérité durable du pays; qu’un système agraire généreux servirait le mieux à peupler la colonie; et en tenant compte que les terres publiques sont le patrimoine du peuple dévolu à la Couronne pour son bénéfice – et présumant que votre Excellence et l’honorable Conseil ont à cœur le bien-être et la prospérité du pays et qu’ils désirent apporter les changements nécessaires à l’atteinte d’un résultat si désirable.
Ainsi, vos pétitionnaires soumettent respectueusement à votre Excellence et à l’honorable Conseil, qu’ils souhaitent humblement que les terres de la Couronne de cette colonie soient offertes spontanément aux colons actuels; qu’on leur accorde la préférence dans le choix des terres publiques, arpentées ou non, sur les capitalistes; qu’on puisse les obtenir par droit de réservation; que le prix le plus élevé de la terre pour les colons actuels ne dépasse pas un dollar et vingt-cinq cents l’acre ou un autre prix tel qui couvrira tout juste les frais d’arpentage; et que cette somme soit payable sur une période de cinq ans; le tout vous étant soumis des plus respectueusement, espérant qu’il plaise à votre Excellence et à l’honorable Conseil de tenir bon compte de cette humble pétition et vos pétitionnaires vous en seront toujours reconnaissants. »
Victoria, 2 juillet 1859
British Colonist
8 juillet 1859
Le comité est heureux de rapporter une réception courtoise de la part de son Excellence le Gouverneur qui, bien qu’il ait promis d’envoyer les pétitions au gouvernement, a exprimé sa conviction que cette affaire serait confiée au gouvernement local qui aurait tout pouvoir, dès qu’il pourrait retirer un revenu suffisant pour couvrir les dépenses courantes. Qu’il est personnellement opposé au présent système qu’il n’a pas le pouvoir de changer, mais qu’il accorderait en plus la gratuité d’un quart de la terre à chaque colon du début.
Qu’entre-temps, toutefois, si certains émigrants sont désireux de s’installer immédiatement sur les terres, ils devront lui faire une représentation à cet effet, faisant état de leur condition actuelle et offrant une certaine garantie de bonne foi; s’il y a une centaine de fermiers prêts à s’installer dans la vallée Cowitchen, qu’ils viennent, on les accueillera, les droits de propriété indiens seront abolis aussitôt que possible; aucun paiement immédiat ne sera exigé pour la terre et le prix sera déterminé par le gouvernement.
Qu’on ira au devant de toute personne désireuse de s’engager dans des travaux industrieux légitimes, que ce soit sur l’île de Vancouver ou en Colombie-Britannique, qu’il est d’accord que les lois très libérales de Terre-Neuve, en ce qui a trait aux pêcheries, soient adoptées dans ces colonies.
Son Excellence a regretté que certains détails n’aient pas été traités dans la pétition, assurant le comité que les suggestions pratiques recevront toujours toute l’attention requise.
En réponse à une suggestion relative à l’occupation actuelle de la terre, son Excellence a déclaré qu’il considérait que le titre appartenait encore à la Compagnie de la B.H., puisqu’il avait été officiellement accordé à la compagnie.
John B. Young
Président
British Colonist
11 juillet 1859
Rencontre au sujet des terres – Un nombre considérable de personnes, principalement des Canadiens qui désirent s’installer dans la vallée Cowitchan, se sont réunies, samedi soir, au bureau juridique de M. John Copland pour discuter de la possibilité de s’installer sur-le-champ. M. Alfered Waddington a présidé et M. John Copland a été secrétaire.
Après une certaine discussion, une pétition à l’intention du gouverneur a été adoptée – annonçant leur désir de s’établir à Cowitchan, qu’ils étaient fermiers; qu’ils s’engageaient à s’établir, à occuper réellement la terre et à l’améliorer et qu’autrement, la terre soit saisie.
À la fin de la réunion, la pétition était signée par plus de vingt-cinq personnes. Elle est maintenant dans le bureau de M. Copland en attente des signatures des personnes désireuses de s’établir à Cowitchan.
Le Victoria Gazette
14 juillet 1859
La colonisation des terres sur cette île --- Une délégation de trente ou quarante personnes s’est présentée devant le gouverneur Douglas hier et lui a adressé une pétition signée par cent personnes, demandant l’acquisition de terres dans la vallée Cowichan, sous une forme semblable au système américain de réservation. Le gouverneur a répondu longuement, mais l’essentiel de ses remarques est que le prix actuel des terres, à une livre l’acre, a été déterminé par la Couronne et peut être modifié uniquement par son autorité. Son seul pouvoir consistait à modifier l’étalement des paiements. Dans ce cas particulier, il a décidé de permettre aux pétitionnaires d’occuper n’importe quelle terre arpentée et non vendue en payant d’abord, 1 shilling l’acre, comme premier versement un autre trois mois plus tard et ainsi de suite jusqu’à ce que la somme de 1,25 $ soit atteinte et que le solde soit payé à l’échéance de 4 ans. Dans les districts qui n’ont pas été arpentés, on permettrait aux colons d’occuper la terre après avoir payé 1 shilling par acre au moment de l’établissement, et on n’exigerait pas d’autre paiement jusqu’à ce que la terre soit arpentée, ce qui ne se produirait pas avant au moins une autre année. Il était probable qu’entre-temps, la Couronne transfère ses droits à la colonie, lorsque les gouvernements locaux auront les affaires en mains. Cela se produira lorsque la colonie sera autonome. Après des conversations supplémentaires, la délégation s’est retirée et nous comprenons que les pétitionnaires ont l’intention de s’établir selon les conditions spécifiées par le gouverneur.
Vente de terres publiques, colonie de l’île de Vancouver
Avis est donné que les personnes détenant des reçus de paiement pour les terres dans le comté de Cowichan doivent les présenter au Bureau des terres afin de choisir leur terrain et d’échanger lesdits reçus contre les documents de prêt habituels, le mercredi 3 août prochain. On peut inspecter les cartes du district. À partir du 4 août, la vente des terres se poursuivra aux conditions habituelles.
Joseph Pemberton
Arpenteur colonial
13 juillet 1859