Cour d’assise par-devant le juge en chef Needham
The Daily British Columbian, 3 juin 1869
Mercredi 2 juin
La Reine c. John [Tom], un Indien – La présente est une action par mise en accusation pour le meurtre intentionnel de William Robinson. Le procureur général pour la poursuite, et M. Ring instruit par M. Green, pour le prisonnier.
Le procureur général, en présentant l’affaire au jury, a déclaré qu’au cours du mois de mars 1868, William Robinson avait été tué dans sa maison, on l’avait tiré dans le dos alors qu’il était assis à prendre son repas et que, par preuve directe et une chaîne de preuves circonstancielles, il allait prouver au jury, la culpabilité du prisonnier.
Le premier témoin produit a été Henry Sampson, constable à Salt Spring Island, qui a témoigné comme suit : -- Au début du mois de mars 1868, j’ai été informé que William Robinson, qui demeurait dans une maison à Salt Spring Island, près du lieu de débarquement du bateau à vapeur, avait été tué dans sa maison. Je me suis rendu à la maison et j’ai constaté que la porte était verrouillée. Comme la maison était en bois rond, j’ai poussé une des billes et je suis entré dans la maison. J’ai vu Robinson sur le plancher, étendu sur le dos.
La maison était construite en billes de bois rond; elle faisait face à l’est et à l’ouest, au nord et au sud. La porte était du côté nord, environ au centre; il y avait un lit dans la partie ouest; il n’y avait pas de fenêtre dans la maison. Le foyer était du côté est et une planche, qui servait de table était fixée contre le côté sud de la maison, près de l’extrémité est. J’ai vu du sang sur le plancher, sous le dos de Robinson, et il y avait du sang coagulé près de son nez. Ses vêtements étaient déchiquetés dans le dos. Je n’ai pas déplacé le corps. Le défunt tenait un couteau à gaine dans la main gauche. Il y avait une assiette, une soucoupe et une tasse sur la table. Il y avait un peu de nourriture dans l’assiette et il semblait avoir été en train de manger au moment où on lui a tiré dessus. J’ai regardé autour de la maison et j’ai remarqué que plusieurs choses que j’avais fréquemment vues dans la maison, n’y étaient plus. Les articles manquants étaient un fusil, un coffre, une hache, un manteau du défunt et plusieurs autres articles familiers (On a produit en cour une hache que le témoin a identifiée comme ayant appartenu à Robinson).
J’ai trouvé, sur le plancher, une balle que je produis maintenant. J’ai vu une marque sur une bille comme si une balle l’avait frappée et était rebondie. Il y avait deux trous dans le corps, un dans le dos, tout juste sous les omoplates et l’autre, dans la poitrine, un peu plus haut, comme si la balle avait traversé le corps en allant vers le haut. La marque dans la bille dans le côté de la maison était en ligne avec les deux trous du corps, si l’homme était assis à table au moment où il a été tiré. D’après l’apparence des trous dans le corps et la marque sur le mur, je crois que l’homme a été tiré à partir du foyer alors qu’il était assis à table en train de manger.
Crontre-interrogé par M. Ring – On a mandé le coroner au même moment que moi, mais il n’est pas venu avant le lendemain. Je suis resté dans la maison jusqu’à ce qu’il arrive. Tous les colons de l’île étaient là. L’enquête a duré près de trois heures. Deux hommes ont été arrêtés pour le meurtre et acquittés. J’ai arrêté le prisonnier dans une petite maison. Je n’ai pas fouillé la maison dans laquelle je l’ai arrêté. J’ai fouillé une autre maison qui lui appartient sur la ferme indienne. J’ai trouvé une paire d’entraves et un bâton de policier.
John Morton, un fermier de Salt Spring Island, a confirmé les faits déclarés par le premier témoin, mais il n’avait pas plus d’information, sauf qu’il a vu le prisonnier peu de temps avant le meurtre et que ce dernier ne semblait pas malade; il l’a également vu trois ou quatre mois plus tard en train de chasser le chevreuil.
L’affaire a été ajournée jusqu’à aujourd’hui, 11 heures du matin.