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Récit de George. G. Zebroff

M. McINTOSH : « LE RÉCIT D’UN TÉMOIN DIRECT DE L’ASSASSINAT DE PETER W. LE DIVIN, QUI SE TROUVAIT DANS LA MÊME VOITURE-COACH QUE PETIUSHKA.

« ... Peter le Divin a été tué par la main d'un malfaiteur qui a placé sous Son siège une bombe mécanique diabolique qui a détruit le corps innocent du Saint Lutteur. Que Dieu lui pardonne![...] »

Petiushka s’est assis au bout de la voiture-coach et il a fait asseoir Maria F. Strel’aeva à côté de lui[...] J’étais avec mon compagnon à l’autre bout de la voiture. Mon compagnon s’est assis près du mur, je me suis assis à ses côtés. Après une certaine distance (trajet) le chef de train est arrivé et a commencé à vérifier les passagers. En arrivant à Petiushka, et le voyant à moitié endormi, il s’est arrêté en face de lui et a dit : « M. Verigin, vous endormez-vous? N’hésitez pas à vous rendre à la voiture-lit, vous pourrez vous y reposer! » Petiushka a refusé, en disant : « Je ne m’endors pas. » Le chef est parti. Environ une demi-heure plus tard, le chef de train revient et de nouveau il vérifie les gens, mais il n’a approché personne. En arrivant à l’endroit où Petiushka était assis, il s’est de nouveau adressé à lui de la même façon, mais avec plus d’insistance lui demandant d’aller à la voiture-lit. Petiushka a catégoriquement refusé. Le chef de train est parti. Après une autre demi-heure, il est revenu, je l’ai regardé et j’ai vu quelque chose d’inhabituel : il avait dans ses mains une sorte d’objet qu’il agitait. J’en ai eu des frissons partout. J’ai poussé mon compagnon et je lui ai dit : hé! ne dors pas, il y a quelque chose qui se passe dans la voiture, le chef agite une espèce de bâton; j’ai vu un tel bâton dans les mains des médecins lorsqu’ils opèrent. Mais mon compagnon a tout simplement continué de ronfler, me disant de ne pas le déranger. Lorsque le chef a traversé la voiture, tous les passagers étaient tombés dans un sommeil profond et personne ne parlait. Moi-même, je me suis senti descendre dans un demi-sommeil, mais quelque chose me dérangeait beaucoup et, d’une façon ou d’une autre, je me suis forcé à ne pas devenir complètement inconscient. J’ai commencé à forcer mes paupières lourdes à se soulever et à travers les larmes j’ai observé une personne habillée d’un genre de toile tissée, qui ressemblait à un grand manteau, venir près de Petiushka, se pencher au-dessus de lui, le regarder directement dans le visage pour voir s’il dormait ou non... puis il a rapidement placé une petite valise sous son siège et est parti. Là, j’ai demandé à mon compagnon de ne pas dormir mais de découvrir ce qui se passait et je l'ai poussé. Cependant, mon compagnon n’avait pas l’énergie de combattre la somnolence stupéfiante qui n’était pas naturelle, mais était causée par le « chloroforme » avec lequel le chef de train a endormi les passagers afin que personne ne voie ce qui arriverait à Verigin.

En passant la station à Farron, le train a ralenti. La locomotive arrière retenait – pour ainsi dire – la partie arrière du train alors que la locomotive avant tirait la partie avant. La voiture-coach dans laquelle Petiushka était assis, et nous aussi, était au milieu. Je me suis difficilement empêché de m’endormir, utilisant toutes mes énergies pour combattre la tendance non naturelle à dormir. Cependant, je n’arrivais pas à comprendre les motifs diaboliques; tout ce que j’entendais, c'étaient les gens qui ronflaient et, de temps en temps, à travers les larmes, je voyais Petiushka dans une position assoupie et Maria qui reposait sur sa poitrine. En cette position, leurs âmes sont retournées vers Dieu.

Tout à coup, il y a eu un bruit d’écrasement; au début de tout le phénomène spectral, j’ai entendu la voix de Petiushka qui disait « Dieu nous préserve! Dieu nous préserve! » et puis tout est devenu tranquille. Seul le craquement des flammes rugissait terriblement. « On est encore en vie. » C’est ce que je pensais et, sous l’impact du terrible rugissement, mon compagnon s’est réveillé et, toujours conscients, nous nous sommes précipités en avant vers les portes espérant nous échapper aussi vite que possible, mais en vain, les portes étaient fermées à clé. À ce moment je me suis souvenu : le chef de train avait joué avec ses clés... Je me suis précipité vers une fenêtre, essayant de ramper dehors, ce qui était très difficile à faire, mais je devais y arriver. Je me suis dit : « Oh oui j’ai réussi à me hisser dehors, mais comment pourrais-je me laisser tomber? » La voiture roulait doucement... La noirceur de la nuit cachait tous les endroits dans le ravin où il aurait été possible de se laisser tomber doucement dans un endroit sécuritaire. Il n’y avait pas de temps pour penser à cette appréhension. J’ai sauté à l’aveuglette et j’ai heurté ma colonne contre la paroi d’un rocher, tombant entre le rocher et les roues de la voiture, où je gisais courbé. La voiture m’a traîné vers l’avant, ma colonne contre le rocher, j’étais courbé à un tel point que j’étais certain que je serais complètement démoli. Mais j’ai survécu, peut-être pour pouvoir transmettre mon message au monde. Mon compagnon m’a aussi suivi à l’extérieur.

Lorsque j'ai atteint le monticule où il y avait déjà des passagers, j’ai vu que les opérateurs de la machine couraient de place en place comme s’ils cherchaient quelque chose. [...]

J’ai vu comment ils ont couru jusque en bas de la voie ferrée et, ayant trouvé quelque chose, ils ont commencé à le frapper. Ensuite j’ai deviné, ils cherchaient Petiushka et lorsqu’ils l’ont trouvé il était probablement encore en vie et pour s’assurer qu’il meurt, ils l’ont achevé. Me voyant, les conducteurs sont venus, m’ont pris et m’ont secoué dans toutes les directions me demandant : « D’où venez-vous? Qu’avez-vous vu? » J’ai dit, « oui », j’ai tout vu et je sais comment c’est arrivé. Ils ont commencé à me secouer et je me suis presque complètement effondré, et tout le temps ils me demandaient : « Avez-vous vu? Avez-vous vu?... » Ensuite j’ai compris qu’ils voulaient me détruire à tout prix. J’ai fait semblant de m’évanouir, leur demandant de me dire où j’étais et ce qui m’arrivait. Ensuite, ils ont décidé que j’étais normalement (?) malade et ils m’ont envoyé, avec les blessés, à l’hôpital de Grand Forks où je ne suis pas resté très longtemps. Là, ils ont voulu me donner des médicaments. J’ai refusé en disant : « Je n’ai rien à l’estomac, seul mon dos est tout éraflé. » Les infirmières ont insisté pour que je boive leur médicament; j’ai demandé de l’eau claire et j’ai refusé. Pendant que j’étais là, j’ai subi de nombreux interrogatoires sur ce que j’avais vu et ce que j’allais dire sur la catastrophe ferroviaire après mon départ de l’hôpital. J’ai nié catégoriquement que j’avais vu quoi que ce soit. Sous ces conditions, ils m’ont permis de partir.

Maintenant je peux parler librement à la population de ce que j’ai vu. [...]

MME ASTAFOROFF (par l’entremise de M. McIntosh) :

Prions le Seigneur! Le Saint Prophète Petushka le Divin a été tué par les autorités de la loi canadienne par esprit d’hostilité, sous les cieux. Le Divin était un émissaire, un Saint Émissaire pour la cause sacrée; il a été tué pour cette cause sacrée. Nous, les soussignés, nous croyons que cette personne, Grigori Zebroff, ou George Zebroff, a dit la vérité sur la façon dont le Divin a été tué. Grigori Grigorivich Zebroff ou George G. Zebroff, voyageait dans la même voiture que Petushka le Divin et avec Maria — »

M. McINTOSH : Ici, il est écrit « Maria Khrestova »?

M. PODOVINIKOFF : Ce qui veut dire « du Christ. »

MME ASTAFOROFF (par l’entremise de M. McIntosh) :

« Avec Maria du Christ le jour où ils ont été tués. Grigorii a survécu et a dit à mon père [celui de Mary Astaforoff] » [...]

M. McINTOSH : « Et plusieurs autres. Exactement comment – exactement de la façon dont c’est écrit ici. Et nous nous en souvenons car Grigorii l’a répété plusieurs fois. Il l’a dit à mon père, et mon père l’a dit à d’autres en notre présence et on en parlait nuit et jour à ce moment-là et les gens s’en souviennent encore aujourd’hui. »

Signé :

« Masha Grigorevna Astaforoff. » Ou, « Mary G. Astaforoff. » [et 37 autres]

Source: Kootenay Commitee on Intergroup Relations, Récit de George. G. Zebroff (Castlegar, B.C.: , 19 juin, 1985), 3-15.

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