Lettre de Mar Edwards au premier ministre

South Slocan, le 10 mars 1925

À l’Honorable John Oliver
Premier ministre
Victoria, C.-B.

Monsieur,

Plusieurs travailleurs ordinaires, et j’en suis un aussi, m’ont demandé de vous écrire pour vous exprimer notre entière approbation sur la position que vous avez prise face à la question des Doukhobors lors de votre récente visite à Grand Forks. Permettez-nous d’insister, respectueusement, en vous demandant de prendre une position ferme et d’obliger ces gens à obéir non seulement aux lois concernant les écoles mais aussi à celles concernant le mariage et le divorce ainsi qu'à celles sur l’enregistrement des naissances et des mortalités. C’est déjà assez injuste d’être obligés d’entrer en compétition avec eux sur le marché du travail sans avoir en plus à supporter leur mépris des lois et des coutumes canadiennes. Personnellement, je ne voudrais pas être propriétaire de terres dans leur voisinage.

Ce ne sont pas des citoyens, ils ne le seront jamais et ils n’ont aucunement l’intention d’obéir à quelque loi canadienne qu’ils peuvent ignorer. Je connais ces gens depuis le premier jour où ils sont débarqués dans l’Ouest canadien et je n’ai rien vu qui pourrait me laisser croire qu’ils ont fait quelque progrès que ce soit vers la citoyenneté canadienne. Vous avez pris la seule bonne position et nous espérons fortement que vous allez vous y tenir; dans le respect de votre gouvernement et de ceux qui ont eu assez confiance en vous pour vous accorder leur vote. De la façon dont vont les choses avec les incendies d’écoles et autres, je ne prendrais pas pour ma part la chance de laisser un de ces fanatiques se promener sur une de mes propriétés. Ils n’ont aucune excuse d’empiéter sur mes terres et je les pendrai haut et court s’ils le font. Avec toute la corde qu’on leur a laissée depuis des années, on ne devrait pas se surprendre qu’ils soient devenus téméraires. Je joins une copie d’un article du Nelson Daily News. Selon toute probabilité, vous l’aurez déjà lu.

Veuillez agréer mes salutations,
Mar Edwards
South Slocan.
C.-B.