Lettre d’A. M. Manson à Thomas Mulvey concernant le KKK
Le 4 février
1926
Me Thomas Mulvey
Sous-secrétaire d’État
Ottawa
Monsieur,
Depuis plusieurs mois, le Ku Klux Klan tente de s’incorporer dans cette province. J’ai refusé l’incorporation à toute association d’hommes ou de femmes sous ce nom et j’ai stipulé que dans toute incorporation d’une organisation de ce type, il devait y avoir (a) abstention de toute suggestion que l’organisation interviendrait de quelque façon que ce soit dans l’application de la loi et de la justice, (b) un engagement de la part de l’organisation que les membres ne se présenteront pas en public portant des cagoules, des déguisements ou des costumes qui rendront difficile leur identification et (c) un engagement que l’organisation ne sera pas affiliée ou ne s’associera pas avec quelque organisation, canadienne ou étrangère, fonctionnant sous le nom de Ku Klux Klan.
Il n’y a pas longtemps, des organisateurs américains, un certain major Luther I. Powell en tête, sont venus dans cette province pour entreprendre l’organisation de deux sections du Ku Klux Klan, une pour les hommes et une autre pour les femmes. Après enquête, j’ai conclu que cette entreprise était purement mercenaire. La documentation était de nature flamboyante, ultra patriotique et outrageusement exagérée, un type de littérature que nous consommons très peu dans ce pays. Cette enquête m’a convaincu que Powell était un personnage très louche. Il y a peu de temps, l’organisation qu’il a créée, et dont le quartier général est à Vancouver, l’a expulsé ou excommunié. Il est ensuite venu à Victoria pour regrouper les femmes. Elles en sont également très rapidement venues à la conclusion que le moins elles auraient affaire à lui, le mieux cela serait et elles m’ont demandé de faire ce que je pouvais pour m’assurer que les autorités de l’Immigration le déportent. La police de la C.-B. a mené une enquête assez approfondie non seulement sur ces promoteurs mais sur l’organisation du Ku Klux Klan et je suis convaincu qu’il n'est pas dans l’intérêt de cette province ou du Canada d’héberger une telle organisation dans notre pays.
Conséquemment, permettez-moi de recommander que dans l’éventualité d’une demande d’incorporation faite à votre ministère, que celle-ci soit refusée et que les mêmes stipulations que celles qui ont été établies par mon ministère soient faites.
Veuillez accepter mes meilleures salutations,
A. M. Manson