Regard sur la pr�sence des Europ�ens au Yukon
�tonnamment, les premiers Europ�ens ont mis du temps � venir au Yukon; il a fallu attendre l’arriv�e des marchands de fourrures de la Compagnie de la Baie d’Hudson dans les ann�es 1840. La raison de cette arriv�e tardive a �t� la relative inaccessibilit� de la r�gion. Les marchands de la C.B.H. op�raient � Montr�al et � York Factory dans la baie d’Hudson, et la route �tait extr�mement longue entre ces endroits et le Yukon, car il fallait voyager � pied, en bateau et en canot, puisque la route passait par les prairies canadiennes et se rendait presque jusqu’� l’emplacement actuel d’Inuvik, pr�s de l’oc�an Arctique, avant de se rendre au Yukon. Il �tait difficile de faire des profits alors que la route des marchands �tait si longue, c’est pourquoi les Europ�ens ont mis tant de temps � s’y rendre. Les Russes, qui poss�daient l’Alaska avant de le vendre aux Am�ricains en 1867, �taient bien entendu beaucoup plus pr�s de l�, mais n’�taient pas int�ress�s � faire le commerce de fourrures � l’interne. La Compagnie russe d’Am�rique faisait le commerce des peaux de loutres de mer, qui �taient source de fourrures de luxe d’une grande valeur et qui, bien s�r, devaient �tre chass�s le long de la c�te du Pacifique, et non dans les terres. Alors, durant de nombreuses ann�es, les Europ�ens ne sont pas entr�s directement en contact avec les Premi�res Nations du Yukon.
M�me si les Europ�ens n’avaient pas p�n�tr� � l’int�rieur des terres, leurs maladies, elles, y avaient fait une perc�e. Le marchandage entre les Russes et les Premi�res Nations se faisaient par l’interm�diaire des marchands am�rindiens, souvent des membres de la tribu Chilkat qui habitaient la r�gion o� se situe actuellement Skagway, et qui transportaient des biens de part et d’autre des cols qui menaient vers le terres. Ces derniers prot�geaient f�rocement ce commerce contre les intrus. Ils ont aussi amen� des maladies qui ont d�vast� les Premi�res Nations bien avant l’arriv�e des premiers marchands.
Durant environ trente ans, de l’arriv�e des premiers marchands de fourrures au milieu des ann�es 1840 jusqu’� l’arriv�e des premiers mineurs dans les ann�es 1870, les seuls Europ�ens pr�sents dans cette contr�e �taient des marchands de la CBH, qui �taient r�partis dans trois postes de traite au Yukon; puis, quelques ann�es plus tard, un ou deux missionnaires sont arriv�s. Les postes �taient situ�s � Lapierre House, dans le nord du Yukon, non loin de ce qui s’appelle maintenant Old Crow, � Fort Selkirk dans le centre du Yukon et � proximit� du lac Frances dans le sud-est du territoire. Il y a �galement eu un poste � Rampart House, que l’on a cru situ� en Alaska pendant un certain moment, puis au Yukon � un autre moment; personne ne savait o� �tait situ� la fronti�re internationale et personne ne s’en souciait, d’ailleurs.
De nos jours, on d�peint parfois les commer�ants de fourrures de la Compagnie de la Baie d’Hudson comme des exploiteurs qui tentaient d’asservir les Am�rindiens, mais les relations entre les Premi�res Nations et les commer�ants au milieu du dix-neuvi�me si�cle n’�taient pas du tout de cette nature. Et comment aurait-il pu en �tre autrement puisque la r�gion �tait peupl�e de milliers d’Am�rindiens et de seulement une douzaine de commer�ants de fourrures, de quelques employ�s m�tis et d’un ou deux missionnaires. Le Yukon est un bon exemple du monopole commercial qu’exer�aient les Premi�res Nations, du fait qu’elles avaient beaucoup plus de contr�le sur les �v�nements que ce qui leur a �t� conc�d� par les historiens. En fait, les Am�rindiens contr�laient en grande partie la traite des fourrures au dix-neuvi�me si�cle. Ils faisaient leurs commandes aux marchands de fourrures pour tels biens de telle qualit� et refusaient de se contenter de moins. Ils mena�aient de commercer avec les Russes si la CBH n’acc�dait pas � leurs demandes. � un certain moment, insatisfaits du marchandage, ils ont brul� compl�tement Fort Selkirk.
Pour ce qui est des missionnaires catholiques et anglicans qui ont commenc� � visiter la r�gion � la fin des ann�es 1860, il est difficile de dire s’ils ont eu beaucoup d’influence sur les affaires avant la fin du dix-neuvi�me si�cle. Ils devaient couvrir un territoire si grand qu’ils ne pouvaient pas ouvrir d’�coles et ne pouvaient qu’expliquer les rudiments du christianisme aux Am�rindiens. Leur pouvoir a pris de l’ampleur plus tard, au vingti�me si�cle.
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